L'analyse des données pluviométriques de la station de Mare à Vieille Place sur la période 1989-2025 révèle une évolution climatique marquée par une diminution significative des précipitations ces dernières années. Cette tendance vers l'aridité soulève des questions importantes sur l'évolution du climat local et ses implications pour l'avenir.

Un contraste saisissant avec la période historique
Les années de référence : un régime pluviométrique généreux
La période 1989-2018 se caractérise par des cumuls annuels moyens oscillant généralement entre 2 000 et 3 000 mm, avec plusieurs années exceptionnellement pluvieuses :
- 1998 : 4 895 mm (année record avec 3 757 mm en février seul)
- 1993 : 5 225 mm (dont 1 991 mm en février)
- 2006 : 4 915 mm (2 687 mm en mars)
- 2007 : 4 600 mm
- 2018 : 4 468 mm
Ces années humides témoignent d'un régime pluviométrique tropical typique, avec des épisodes de pluies intenses concentrés sur quelques mois.
Le tournant de 2019 : début d'une phase de sécheresse
À partir de 2019, on observe un changement radical dans le régime des précipitations :
- 2019 : 1 902 mm (-36% par rapport à la moyenne historique)
- 2020 : 1 316 mm (année la plus sèche depuis le début des mesures)
- 2023 : 1 601 mm
- 2025 : 1 763 mm (sur 11 mois)
L'année 2020 marque un minimum historique avec seulement 1 316 mm, soit près de trois fois moins que certaines années de la décennie précédente.
Analyse mensuelle : des mois particulièrement affectés
Les mois traditionnellement pluvieux en berne
Les mois de janvier à avril, habituellement les plus arrosés en climat tropical, montrent une baisse drastique :
- Janvier : de moyennes supérieures à 500-800 mm dans les années 1990-2010, on passe à 64-457 mm sur 2019-2025
- Février : mois historiquement le plus pluvieux (records à 3 757 mm en 1998 et 2 625 mm en 2007), il ne dépasse plus 860 mm en 2025
- Mars : après des valeurs fréquemment supérieures à 600-1 000 mm, les cumuls tombent à 31-367 mm sur la période récente
Une saison sèche plus marquée
Les mois de mai à novembre, traditionnellement moins arrosés (50-150 mm), maintiennent des valeurs similaires, accentuant ainsi le déficit annuel global.
Implications et perspectives
Un déficit cumulé alarmant
Sur la période 2019-2025, le déficit pluviométrique cumulé par rapport à la moyenne historique (≈ 2 800 mm/an) atteint environ 7 000 à 8 000 mm, soit l'équivalent de 2 à 3 années de précipitations normales.
Des impacts multiples
Cette sécheresse prolongée a des conséquences potentielles sur :
- Les ressources en eau : réduction du rechargement des nappes phréatiques
- L'agriculture : stress hydrique pour les cultures
- Les écosystèmes : modification de la végétation et de la biodiversité
- Les risques d'incendie : augmentation pendant les périodes les plus sèches
Un signal climatique ?
Bien que 6-7 années ne suffisent pas à établir une tendance climatique définitive, cette période de sécheresse soutenue pourrait s'inscrire dans le contexte du changement climatique global, caractérisé par :
- Une intensification des extrêmes (années très sèches alternant avec des épisodes pluvieux intenses)
- Une possible modification du régime des moussons ou des systèmes pluviogènes régionaux
- Un décalage des saisons des pluies
Conclusion
Les données pluviométriques de Mare à Vieille Place révèlent une rupture nette dans le régime des précipitations à partir de 2019. Après des décennies marquées par une pluviométrie abondante et régulière, la station connaît depuis six ans une phase de sécheresse sans précédent dans l'historique des mesures.
Cette situation nécessite une vigilance accrue et des mesures d'adaptation, notamment en matière de gestion des ressources en eau. Le suivi continu de ces données sera crucial pour déterminer s'il s'agit d'une variabilité naturelle pluriannuelle ou d'une modification durable du climat local, possiblement liée au changement climatique global.
Analyse basée sur les données de précipitations mensuelles de la station de Mare à Vieille Place, période 1989-2025 (jusqu'en novembre)